Intelligences Artificielles – Apocalypse ou Espoir pour l’Humanité ?

Image d'illustration de réseaux informatiques.

Juin 2053 – Paris

Je sors de la douche sèche et me prépare un bol de céréales bio. L’eau est rationnée depuis des lustres, mais la machine soufflante d’ions positifs permet de se laver en un temps record.

Le temps dehors est maussade, même si nous avons quand même eu quelques jours pendant lesquels le ciel s’est éclairci la semaine dernière. À croire que la loi internationale sur l’interdiction d’utiliser des produits carbonés commence à faire effet. Le président chinois à l’origine de la motion votée à l’unanimité durant la COP 29 peut être fier, même si son opinion publique lui mettait la pression après les millions de morts ces dernières années à cause de la pollution des grandes villes.

La présidente des États-Unis Charlotte Clinton, la petite fille de l’ancien président Bill, annonce une série de réformes. Qui aurait pu penser qu’elle serait poussée à la tête de la deuxième puissance économique mondiale grâce au soutien des électeurs du Middle West et des cultivateurs des grandes plaines, ruinés par les sécheresses a répétition. Sans compter les inondations qui ont ravagé la côte ouest, anéantissant la Californie. L’Amérique découvre la vie sans pétrole. Un Nouveau Monde s’ouvre à nous.

Un coup d’œil à l’écran au mur et celui-ci s’allume automatiquement. Les infos sont comme d’habitude, anxiogènes. Des dérèglements climatiques un peu partout et toujours des guerres. À l’image le présentateur androgyne, pensé par une machine pour séduire le plus grand nombre, ne se départit pas de sa bonne humeur. Ah si ! Bill Gates, le père fondateur de la micro-informatique est mort aujourd’hui, à 97 ans.

La cybercriminalité est devenue le fléau numéro un de la société. Toutes les économies se heurtent à cette délinquance sans qu’une solution définitive puisse émerger. Aujourd’hui, une nouvelle vague d’attaques systématiques des réseaux financiers vient de frapper les bourses mondiales.

Une petite musique annonce que quelqu’un cherche à me joindre. J’accepte la session et une voix chaleureuse aux accents toniques un peu imprécis se présente comme mon avocat. Un robot sans aucun doute.

— Monsieur, je viens de vous envoyer les papiers pour votre divorce. Tout est en ordre.

— Ma femme a enfin accepté de signer ?

— Oui ! Vous pouvez les lire et les parapher, si cela vous semble correct bien entendu !

Je cherche dans la pochette de mon sac, ma clé électronique. Le sésame, gros comme une petite télécommande s’est glissé dans le fond. Je tombe dessus et m’en saisit, l’approche de la tablette, et la diode verte s’allume signalant le début de la session sécurisée.

—  Je signe tout de suite !

—  Vous ne relisez pas ?

—  Bah, je vous fais confiance, aucune raison de se faire avoir par un robot !

Je presse le bouton sur la clé et le message confirmant la signature des documents apparaît à l’écran. Voilà, je suis officiellement divorcé, à compter de… maintenant.

Un coup d’œil sur mes emails. Mon notaire électronique me demande de lui fournir les papiers du divorce pour pouvoir finaliser la succession de ma mère. J’en profite pour lui faire parvenir le document que je viens de valider. L’intelligence artificielle scanne le texte et me confirme immédiatement qu’elle possède maintenant toutes les pièces. La confirmation par mail du transfert de propriété de la maison de Berlin devrait arriver dans les deux heures.

Le temps passe vite. Il faut que j’accélère le rythme si je veux être à l’heure pour ma présentation devant la Commission d’éthique sur les machines intelligentes. À peine le temps de m’habiller et ma montre vibre, indiquant que le taxi attend devant la maison.

La petite voiture autonome à 4 places est stationnée devant mon hôtel. La configuration rappelle celle des trains, quatre fauteuils confortables, deux dans le sens de la marche, et deux en face à face ; pas de volant ni d’accessoires inutiles.

— Bonjour Monsieur, prenez place, je vous prie ! la voix dans les haut-parleurs est enjouée.

Je suis professeur d’économie à l’Université de Trèves. Depuis la fermeture des écoles au profit des maisons d’éducation, les étudiants ne vont plus en classe 5 jours par semaine, mais on se retrouve pendant deux demi-journées en petits groupes pour approfondir certains sujets. La réduction des effectifs dans l’éducation nationale a été drastique ces dix dernières années, mais le niveau global remonte enfin. La transition vers une école dédiée à l’apprentissage personnalisé plutôt qu’un fourre tout en version ‘taille unique’ a été un succès.

Je regarde par la vitre et me laisse entraîner dans une torpeur bienfaisante. Dans les rues, beaucoup de promeneurs. En 30 ans la population active a diminué de façon spectaculaire. Dans le monde, 30% des emplois ont été remplacés par des IA super qualifiées. Rien qu’en France, c’est 7 millions de personnes qui ne travaillent plus. Si on y ajoute les 2,8 millions de chômeurs, c’est presque 10 millions de gens qui sont sans emplois. La mise en place d’un salaire de référence minimum a permis de conserver la cohésion sociale, mais jusqu’à quand ?

— Monsieur, nous arrivons à votre destination ! la voix de l’IA dans le haut-parleur est douce et apaisante. Je n’ai rien vu passer de ces 40 minutes.

— Heu… merci ! réussis-je à bafouiller avant de descendre.

Je récapitule mentalement la nature de mon exposé de ce matin. Expliquer ma vision en tant qu’intellectuel et philosophe, de la place de l’intelligence artificielle dans notre société ? Mon livre ‘’Le Capital’ doit sortir bientôt. J’y exprime des idées nouvelles de redistribution des revenus générés par les robots.

Un rideau dense de policiers habillés en Robocop garde l’entrée du bâtiment. Ces réunions du G5 se tiennent toujours sous haute surveillance. Les représentants des Etats-Unis, de la Chine, de la Corée, de l’Allemagne et du Japon sont déjà arrivés. Ces 5 nations représentent presque à elle seules 70% de la production mondiale. La France n’est même plus dans le top 10. Une vague impressionnante de manifestants, qui scandent leur hostilité à la multiplication des robots sous toutes leurs formes, m’interdit le passage.

Comment leur expliquer que l’on n’arrête pas le progrès ? Comment leur faire comprendre qu’une société qui n’innove plus ne peut que mourir ? Je compatis à leurs angoisses. Les manifestants heureusement ne sont pas tous conscients des enjeux, bien plus vastes que les seules IA qui peuplent leur quotidien.

La perte des emplois s’est traduite pour les gouvernements par une disparition des revenus, des taxes et des impôts, qui permettaient hier d’irriguer la société. Les richesses produites ont décliné. Le travail est maintenant apatride. Un robot avocat peut régler votre problème depuis un ordinateur situé en chine ou de n’importe où, d’ailleurs. Les entreprises telles qu’Apple, Google, Facebook sont devenues des hydres qui ponctionnent le capital partout dans le monde. Les pays ont privatisé des services régaliens entiers. Dans les années 2030, c’est la médecine, les transports et l’administration qui ont été vendus par appartements. Que se passera-t-il quand les gouvernements n’auront plus les moyens d’entretenir la police ou l’armée ? Les frontières vont rapidement devenir un souvenir du passé.

J’entre avec difficultés dans le bâtiment.

Je vais devoir expliquer à mes interlocuteurs que l’avenir est sombre si l’on ne permet pas à l’homme de garder sa place dans la société qui se dessine. Les IA doivent rester au service de l’humanité. Des équilibres économiques nouveaux se sont mis en place ces trente dernières années. Les pays qui manquaient le plus de main d’œuvre, comme l’Allemagne et le Japon, les deux nations à la natalité la plus faible, sont restés des grandes puissances économiques grâce aux nouvelles technologies. La Russie en retard n’a pas su négocier ce virage. L’abandon des produits carbonés à dévasté les pays producteurs de pétrole, à quelques rares exceptions. Il faut un changement drastique des répartitions des richesses avant que ce train fou ne déraille.

C’est l’avenir du monde qui est à risque, mais j’ai mon idée !

Le responsable me donne quelques conseils avant que j’entre sur la scène.Monsieur Marx ? Vous êtes prêt ? C’est à vous !

— Merci ! Souhaitez-moi bonne chance ! Il y va de notre futur, me murmurais-je pour moi-même.

— Bonjour, je m’appelle Carl-Lénine Marx et je viens devant vous, aujourd’hui, demander que des solutions nouvelles pour une répartition juste et équitable du capital soient mises en place !

 Je regarde l’assemblée. Les regards tournés vers moi semblent interdits. Ils ne s’attendaient sans doute pas à une entrée en matière aussi directe.

— Le cas échéant, c’est la révolution qui gronde déjà dans la rue qui va répondre à ce désarroi des laissés pour compte.

FIN

TECHNOLOGIE ET SOCIÉTÉ

Les Intelligences Artificielles vont-elles définir les contours d’une société nouvelle ?

Intelligences artificielles, photomontage d'un œil avec montre à l'intérieur.

De tout temps les avancées technologiques ont modelé la société. Ce sont les sciences et les révolutions successives qu’elles ont entraînées, qui par réaction en chaîne, ont édicté nos habitus.

Personne ne contestera que sans les inventions des ingénieurs Elisha Otis et Werner Von Siemens les villes seraient différentes. Pas de gratte-ciel, des centres-villes qui s’étaleraient sur des kilomètres. L’ascenseur a permis de construire en hauteur, de densifier le cœur des villes, de concentrer la main-d’œuvre plus près des centres de production et des usines. La technologie a façonné notre société. L’innovation est le cœur de l’évolution depuis toujours. De la roue à la voile, de l’écriture au système bancaire de Law, chaque évolution technologique a par son empreinte marqué la société.

Un peu d’économie.

Tout le monde ne connaît pas Joseph Schumpeter (1883-1850) a qui on attribue le principe de la « destruction créatrice« . Cet économiste autrichien a théorisé la pensée suivante : l’innovation introduite dans un modèle économique par des entrepreneurs, tend de manière fondamentale les équilibres.

L’innovation serait la force motrice de création de richesse assurant la croissance économique à long terme, mais provoquant la disparition partielle ou totale des processus économiques qu’elle réinvente à court terme. Par exemple, la production de masse des voitures automobiles par Henri Ford a totalement détruit les entreprises qui produisaient des voitures avec des processus artisanaux. Xerox, Polaroid, toutes les sociétés qui produisaient des mini-ordinateurs, supplantés par les micro-ordinateurs ; récemment, les téléphones fixes, la pellicule argentique, ou encore le courrier postal au profit du mail, tous ces produits et services ont été laminés, rangés dans les armoires de l’obsolescence.

Jusque là, me direz-vous : il n’y a rien de bien extraordinaire ! C’est l’évolution légitime des technologies, qui par vagues successives a modifié notre société, grâce à l’innovation. La Destruction-Créatrice s’exprime par la perte d’emplois liés aux activités frappés par l’obsolescence, et s’équilibre en produisant un besoin de main-d’œuvre indispensable aux nouveaux processus.

Schumpeter a donc théorisé une notion essentielle, base de nos sociétés modernes. Si un pan entier de l’économie disparaît, détruit par l’innovation, laissant sur le bord du chemin des milliers ou des millions de travailleurs, une nouvelle activité émerge qui va créer à son tour des milliers ou des millions de jobs. C’est rassurant et nous pourrions nous contenter de scruter l’histoire des révolutions industrielles successives pour nous réconforter. La mécanisation a vidé nos campagnes, mais la révolution industrielle a créé des emplois en nombre. La robotisation et l’automatisation ont chassé les travailleurs des usines, mais la création du secteur tertiaire et des services a pallié à la raréfaction des emplois dans l’industrie.

Hormis le fait qu’à chaque étape on observe une montée en compétence des métiers disponibles, tout semblerait en ordre, mais un élément disruptif du principe de Schumpeter est venu changer la donne…

Les récentes évolutions des intelligences artificielles, des machines apprenantes et super-intelligences vont révolutionner notre monde tel que nous le connaissons. Je crois très profondément que cette révolution est d’un nouveau genre, et qu’elle va faire exploser tous les fondamentaux qui structurent et soutiennent la société dans laquelle nous vivons. Cette lame de fond est cent fois plus forte que la révolution industrielle du 19ème, que l’automatisation et l’émergence des ordinateurs combinées.

Pourquoi me direz-vous, il ne s’agit que d’une nouvelle phase d’une évolution déjà en mouvement ?

Je ne le crois pas.

Nos sociétés sont basées sur des principes simples. Pour subsister, il faut de l’argent. Le travail est source de profit et c’est notre activité qui permet grâce à la création de richesse qu’elle produit, de définir le niveau de rémunération auquel on peut prétendre. Avec le temps, les travailleurs acquièrent des compétences supplémentaires, qui justifient un salaire plus élevé. Simple et efficace

« C’est la moitié de l’humanité que les IA pourraient mettre au chômage »

Des exemples demandez-vous ? Alors que votre pouls s’est emballé en vous imaginant déjà remplacé par d’infâmes machines clignotantes à la voix métallique…

Dans un premier temps, je prédis qu’une grande majorité des emplois de « middle management » – c’est-à-dire les cadres moyens, professions intermédiaires et employés supérieurs, situés dans la pyramide organisationnelle entre les ouvriers et les cadres dirigeants– seront laminés.

Ces fonctions sont par nature des fonctions de reporting. Elles ne permettent pas de prendre des décisions stratégiques. Leur but est de collecter des données pour les mettre en forme afin d’informer les étages supérieurs de l’avancée des choses… une machine pourra faire ça au moins aussi bien.

On peut élargir le champ d’application à toutes les fonctions intermédiaires : les employés de banque dans les agences, les administrations pléthoriques et inefficaces. En revanche, je crois que les ouvriers seront plutôt épargnés. Ils ont déjà payé un lourd tribut à l’automatisation. La déréglementation en marche (sans jeux de mots) du marché du travail, leur permettra de rester compétitifs face aux robots. J’imagine un impact de 20% au plus pour les ouvriers, 20% pour les cadres et professions libérales, 40% pour les professions intermédiaires et 50% pour les employés. Les chiffres varient forcément puisqu’il s’agit de conjoncture, mais selon Éric Hazan dirigeant du McKinsey Digital « 40% des tâches pourraient être automatisées dans les prochaines années« . Pour Moshe Vardi, Directeur de « L’Institute for Information Technology » à l’université de Rice au Texas, « C’est la moitié de l’humanité que les IA pourraient mettre au chômage« .

L’autre lame de fond est celle engendrée par les réseaux sociaux et plus généralement par Internet, qui dote n’importe quel individu de la capacité à communiquer avec n’importe quel autre. Internet permet de s’affranchir de la distance et de compresser le temps. Moi, individu physique, je peux m’adresser à n’importe qui, quand je l’ai décidé. C’est l’ère de l’Uberisation de notre société. En permettant l’intermédiation des produits et des services, ce sont des milliers d’emplois qui sont condamnés à très court terme.

Prenons l’exemple du livre : l’auto-édition grâce à des services de mise en page et d’impression à la demande sur Internet, couplé à des circuits de distribution directs, comme Amazon, fragilise les éditeurs. Regardez comment l’industrie du disque souffre, depuis que l’autoproduction des talents, et la mise en ligne de leur musique directement sur Internet sont devenues la norme. Mais je pourrais aussi bien prendre comme exemple le ‘crowd funding’, les circuits de vente des légumes comme ‘La Ruche’ – tous les circuits de distribution sont touchés sans exception.

Les intelligences artificielles vont être dotées d’organes sensoriels. C’est l’étape suivante. Les chercheurs de la Silicon Valley sont à 4 ou 5 ans de cette nouvelle étape. Elle est déterminante. Dès que les machines pourront voir et de déplacer seules, les champs d’applications deviennent presque infinis. Les transports, le service à la personne et les métiers de service, par exemple, sont des secteurs qui seront profondément modifiés. Les voitures autonomes vont remplacer les taxis, les supermarchés n’auront plus besoin de personnels pour remplir leurs rayons et les personnes seules pourront se déplacer sans avoir recours à des aides extérieures.

Mais le plus incroyable reste à venir. Si je vous dis que les avocats, les médecins, les ingénieurs en électroniques, les architectes, les enseignants, seront remplacés, supplantés par des intelligences artificielles, vous allez me traiter de fou furieux.

Asseyez-vous et respirez à fond !

Au premier abord, cela semble impossible. Mais regardez les choses différemment. En tout cas, essayez… Qu’est qu’un médecin ou un avocat ont en commun ? Quelles sont les compétences fondamentales d’un ingénieur en informatique, en mécanique ou en électronique ? À quoi sert un enseignant ?

Il n’est pas question de prédire la disparition totale des enseignants ou des médecins, mais le fait est que…

Avocats et médecins sont des encyclopédies vivantes.

L’un maîtrise parfaitement des milliers de pages du code civil, pénal, du droit du travail… Il a appris comment gérer les cas complexes lorsque par exemple on se trouve dans une zone grise de la loi. Pour cela l existe des milliers de jurisprudences. Pourquoi une machine ne serait-elle pas capable de remplacer ces cerveaux bien remplis ?

Un médecin grâce à son long apprentissage des symptômes, peut éliminer par déduction les maladies que vous pourriez avoir, jusqu’à en trouver l’origine. Vous avez mal à la gorge, avec ou sans fièvre, la gorge est rouge ou blanche, vous avez par ailleurs le nez qui coule, etc … il s’agit d’une rhino ou d’une angine ou d’autre chose plus difficile à diagnostiquer. Dans ce cas, soit directement, soit par l’observation, ou encore grâce à des outils complémentaires (analyses de sang, radio, IRM, électrocardiogramme …) – il pourra affiner son diagnostique. Là encore, une machine ne peut-elle pas remplacer avantageusement le médecin ?

Des voix s’élèvent pour stopper le développement anarchique des Intelligences artificielles avant qu’il ne soit trop tard. Le très charismatique Elon Musk, fondateur de Tesla et de SpaceX, ainsi que Bill Gates, entre autres, se sont exprimés pour dénoncer les effets potentiellement dévastateurs sur le genre humain d’un développement hors contrôle de la science robotique. C’est pourquoi Musk et Altman ont fondé OpenAI, une entreprise à but non lucratif dotée d’un milliard de dollars pour promouvoir « Une Intelligence Artificielle plus sûre ».

Il était temps. Les premiers coups de semonce ont retenti. DeepMind d’AlphaGo a battu le champion du monde de Go, un jeu réputé presque impossible à gagner par une IA tant sa nature imprévisible est difficile à appréhender. Récemment AlphaGo a joué 60 parties en simultané contre les meilleurs joueurs de Coré, de Chine et du Japon … et a gagné 60 à zéro. Enfin, en janvier de cette année, l’intelligence Artificelle « Libratus«  développée par deux chercheurs de Carnegie Mellon a surpris tout le monde en battant les meilleurs joueurs de poker… en se mettant à bluffer.

Comprenez : Les IA ne sont pas programmées pour une tâche spécifique. Elles sont programmées pour penser par elles-mêmes et apprendre. Si l’IA comprend que mentir permet d’arriver à gagner, alors elle se met à mentir … ce qui donne quand même à réfléchir quant aux autres conclusions auxquelles elles pourraient arriver si l’on ne prend pas soin de se prémunir contre elle.

On pourrait imaginer que si la tâche d’une IA est de maintenir les trottoirs propres et que la source la plus problématique des souillures est les déjections canines, celle-ci pourrait conclure que supprimer les chiens est une solution acceptable. Pire, les hommes étant les propriétaires des chiens, supprimer les hommes pourrait devenir la solution la plus rationnelle. Nous n’en sommes pas là, mais vous comprenez la suite logique, pour une machine n’ayant ni conscience ni hiérarchie inscrite entre mal et bien.

« Je n’aime pas l’idée que mon futur soit dans les mains de quelques jeunes ingénieurs de la Silicon Valley »

Les machines apprenantes sont notre avenir. Les chercheurs de la Silicon Valley affirment n’être qu’à 4 ou 5 ans de réaliser un des rêves des maîtres de la science-fiction. Le Cyborg. Il s‘agirait de connecter sur le crâne d’un humain une sorte de cordon qui permettrait de relier son cerveau directement à des ordinateurs, via une interface neuronale. La réalisation d’un être au QI de 300 ? 500 ? 1000 ? Les possibilités sont infinies. Même si on peut immédiatement imaginer les possibles travers de ce type de technologie, il faut quand même se demander de quelles avancées incroyables la race humaine pourrait bénéficier en juxtaposant un Michel Ange, un Leonard de Vinci et un Einstein dans un seul cerveau ?

Les machines apprenantes sont notre avenir, mais elles peuvent aussi sceller notre destin. Il n’est pas question de se rejouer Terminator ou Matrix, mais il est grand temps de mettre en place des organismes de contrôle et d’encadrement de leur développement. Je n’aime pas l’idée que mon futur soit dans les mains de quelques jeunes ingénieurs de la Silicon Valley, eux-mêmes poussés par des investisseurs et des banquiers, qui ne voient pas plus loin que les 15% ou 20% de rentabilité annuelle de leurs capitaux.

Depuis les Sub-Primes, j’ai appris à me méfier… mais je suis confiant. Ces banquiers et ces investisseurs auront disparu dans quelques années, remplacés par des robots et des machines qu’ils auront eux-mêmes financés, et qui seront, je l’espère, bien plus raisonnables qu’eux.

À moins que …

Sylvain Pavlowski
Auteur de La Menace Blackstone


Quelques liens utiles :

http://www.europe1.fr/economie/la-revolution-numerique-menace-5-millions-demplois-2653271

http://www.vanityfair.com/news/2017/03/elon-musk-billion-dollar-crusade-to-stop-ai-space-x

http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/l-intelligence-artificielle-pourrait-mettre-50-de-l-humanite-au-chomage_1763475.html

https://www.insee.fr/fr/statistiques/2012721#tableau-TCRD_014_tab1_departements

https://www.insee.fr/fr/statistiques/1288331?sommaire=1288404

http://www.slate.fr/story/114111/moitie-emplois-menaces-intelligence-artificielle

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